POURQUOI faut-il STOPPER EACOP ?

EACOP, c’est quoi ?

EACOP, c’est l’acronyme pour « East African Crude Oil Pipeline ». 

C’est surtout un projet d’oléoduc (une canalisation destinée au transport du pétrole) en plein cœur de l'Afrique, traversant à la fois l’Ouganda et la Tanzanie. 

S’il voyait le jour, ce pipeline colossal deviendrait le plus long oléoduc chauffé du monde. 1444 km, soit l’équivalent de la distance entre Madrid et Bruxelles. 

TotalEnergies, le géant multinational Français du pétrole est l’instigateur principal de ce projet. À ses côtés, une autre multinationale d’État : la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Ces deux entreprises détiennent des licences d'extraction de pétrole en Ouganda, mais le forage ne pourra commencer qu’une fois EACOP construit. C’est la seule façon d’exporter le pétrole en dehors du pays, pour l’exploiter et le vendre à l’international. 

1444 km de pipeline

dont 400 km à travers le bassin du lac Victoria

400 puits
creusés

216 000 barils de
pétrole par jour

POURQUOI STOPPER EACOP ?

En construisant EACOP, TotalEnergies et la CNOOC s’apprêtent à déplacer des populations entières, à mettre en danger la faune et la flore locales, et à rapprocher le monde d'une véritable catastrophe climatique.

Il est urgent d’agir. Pour les gens. Pour la biodiversité. Pour le climat.

Pour les gens

EACOP menace de déplacer plus de 100 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie, des milliers de familles, d'agriculteurs et d’éleveurs. Le projet a d'ailleurs déjà perturbé les moyens de subsistance de beaucoup d'entre eux.

S'il est autorisé à se construire, l’oléoduc mettra également en péril les ressources en eau et les zones humides en Ouganda et en Tanzanie. Il traversera plus de 200 rivières, mais également le bassin du lac Victoria, dont dépendent plus de 40 millions de personnes pour leur eau potable et leur production alimentaire. Un seul déversement ou une seule fuite pourrait avoir des effets absolument catastrophiques sur ces sources d'eau douce vitales et sur les millions de personnes qui en dépendent. La probabilité d'un déversement ou d'une fuite est élevée, non seulement en raison de dommages accidentels ou d'un mauvais entretien, mais aussi parce que le oléoduc traversera une zone sismique active qui connaît régulièrement des tremblements de terre.

Comme si cela ne suffisait pas, TotalEnergies et ses partenaires ont opté pour l'option la moins coûteuse, à savoir le creusement de tranchées à ciel ouvert, pour la quasi-totalité des traversées d'eau, au lieu de respecter les meilleures pratiques de l'industrie.

Ce seront également des cultures, des traditions, des terres natales qui seront détruites.

Les processus d'acquisition de terres et de réinstallation pour EACOP et les champs pétrolifères associés ont déjà commencé et les communautés font état d'un manque de transparence et de retards dans les compensations, ce qui a eu un impact sur les moyens de subsistance, a exacerbé l'insécurité alimentaire et a perturbé la fréquentation scolaire. Les propriétaires de terres locales qui résistent à ce processus ont été victimes d'intimidations et de manipulations, les obligeant à céder leurs terres en échange d'une indemnisation dérisoire. Tous ces impacts ont des effets genrés - ils nuisent de manière disproportionnée aux femmes et aux filles de la région.

Les multinationales pétrolières ont fait toutes sortes de promesses vides aux populations de l'Ouganda et des pays voisins, mais en réalité, ce projet ne vise qu'à extraire le plus de profits privés possible.

Pour lA BIODIVERSITÉ

EACOP menace l'une des régions du monde les plus diversifiées sur le plan écologique et les plus riches en faune sauvage.

Sur son trajet entre l'Ouganda et la côte tanzanienne, l'oléoduc traversera de nombreux habitats où vivent des animaux emblématiques et menacés, tels que des lions, des élans, des petits koudous, des buffles, des impalas, des hippopotames, des girafes, des antilopes rouannes, des sitatungas, des sables, des zèbres, des oryctéropes et des singes colobes rouges.

« Le tracé du pipeline semble presque avoir été dessiné pour mettre en danger le plus grand nombre d'animaux possible. »


Bill McKibben, écologiste américain

Le gazoduc perturbera près de 2 000 kilomètres carrés d'habitats sauvages protégés, dont le magnifique parc national de Murchison Falls, la réserve forestière de Taala, la forêt de Bugoma et la réserve de chasse de Biharamulo. Il s'agit de réserves essentielles à la préservation d'espèces vulnérables telles que le chimpanzé oriental et l'éléphant d'Afrique, deux espèces inscrites sur la « liste rouge » des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

L'éléphant d'Afrique est le plus grand animal qui marche sur la Terre. Ces créatures ne sont pas seulement magnifiques en elles-mêmes, mais elles jouent un rôle crucial dans le maintien d'habitats appropriés pour de nombreux autres animaux, notamment en agissant sur des facteurs tels que l'eau douce et la couverture forestière. Dans les forêts d'Afrique centrale, par exemple, jusqu'à 30 % des espèces d'arbres dépendent des éléphants d'Afrique pour la dispersion et la germination des graines.

La construction d'une vaste ligne d'espace ouvert deviendra un obstacle majeur pour de nombreux animaux - en particulier les mammifères et les oiseaux - pour accéder à la nourriture se situant de l'autre côté. 

Si nous nous soucions des animaux et de la préservation de la biodiversité qui nous reste, nous devons faire tout ce qui est possible pour arrêter l'oléoduc East African Crude Oil Pipeline.

Pour lE CLIMAT

10,9 millions de tonnes de pétrole seront transportées dans l’oléoduc chaque année. Quand elles seront brûlées, ce sera équivalent à jusqu’à 34,3 millions de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année. Soit bien plus que les émissions de gaz à effet de serre combinées de l’Ouganda et de la Tanzanie. Au final, le projet multipliera par 7 les émissions de l’Ouganda.

Les preuves scientifiques nous indiquent de manière accablante qu'il nous reste environ une décennie pour réduire considérablement notre émission de carbone si nous voulons éviter un changement climatique catastrophique. D’après le rapport du GIEC et la communauté scientifique, plus aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit démarrer pour espérer limiter l’augmentation de la température à +1,5°C.

EACOP ne touche pas uniquement l’Ouganda et la Tanzanie. C’est un pipeline qui concerne le monde entier.

Il y a beaucoup à faire si nous voulons limiter le changement climatique et créer un meilleur avenir pour tous, mais il est clair que l'arrêt de l'oléoduc East African Crude Oil Pipeline est une première étape cruciale. Nous ne devons pas laisser la cupidité de TotalEnergies et de la China National Offshore Oil Corporation saboter nos efforts collectifs pour créer un avenir sûr pour tous.

Les multinationales pétrolières ont fait toutes sortes de promesses vides aux populations de l'Ouganda et des pays voisins, mais en réalité, ce projet ne vise qu'à extraire le plus de profits privés possible.

Mais EACOP est bon pour l’économie, non ?

Pas du tout. Non seulement EACOP sera une catastrophe humaine et écologique, mais le projet ne tient même pas la route sur le plan économique

Le monde entier se rend compte qu'il est urgent de ne plus dépendre des énergies fossiles et que, par conséquent, le prix du pétrole va continuer à s'effondrer

Face à EACOP, il est urgent d'investir dans l’énergie propre, les emplois locaux et l’électricité abordable qui en découle.

Faire progresser la production d’énergie renouvelable dans des pays comme l’Ouganda est une opportunité de créer des emplois locaux de qualité, d’alimenter des milliers de foyers à un prix abordable, en permettant à la fois à des projets de grande envergure et de fournir en électricité par des moyens adaptés les communautés les plus reculées.

Le secteur de l’énergie propre a également des impacts positifs sur l’égalité des genres et les opportunités. Si les femmes sont souvent écartées de l’industrie du gaz et du pétrole, les initiatives comme Solar Sister montrent comment l’énergie verte peut encourager l'entreprenariat dans les petits secteurs et répondre aux besoins d’emplois des femmes.

Ce secteur bénéficiera aussi à celui de l’agriculture, puisque le déploiement d’une énergie renouvelable décentralisée peut augmenter les rendements et revenus pour des petits fermiers en améliorant l’irrigation solaire et introduisant l’électricité dans d’autres activités agricoles telles que le stockage à froid et la transformation.  

En outre, les investissements dans le secteur de l’énergie propre créent un nombre significatif d’emplois permanents dans le secteur de la fabrication. Kiira Motors, par exemple, un fabricant de véhicules appartenant à l’Etat, emploiera 14 000 Ougandais pour produire 5 000 bus électriques et autres véhicules par an. Les voitures devenant plus abordables, la demande pour des véhicules électriques ne cessera d’augmenter.

Nous devons nous assurer que les pays riches ne sont pas les seuls à récolter les énormes retombées économiques qu’il y aura en s’éloignant des énergies fossiles. Le nouveau colonialisme des entreprises, qui consiste à extraire le plus de profits possible tout en externalisant les coûts humains et écologiques, doit cesser.

Investir dans les énergies renouvelables, le tourisme, l'agriculture à petite échelle, la pêche et les programmes de reforestation permettra de créer beaucoup plus d'emplois pour les communautés locales, d'élargir l'éventail des avantages économiques pour l'Afrique de l'Est et d'assainir l'environnement, ce qui profitera au monde entier.

TotalEnergies vient de réaliser un bénéfice record de 18,1 milliards de dollars, mais à quel prix ?

Plutôt que de miser son développement sur l'industrie moribonde du pétrole, nous devons reconnaître que la force économique de l'Afrique de l'Est provient de la biodiversité, du patrimoine et des paysages naturels de la région.

L’industrie du tourisme en Ouganda par exemple, participe à hauteur de 7% au PIB du pays et fournit plus de 600 000 emplois. En comparaison, EACOP n’est censé créer que 200 à 300 postes permanents.

Prenons un autre exemple. Le secteur agricole ougandais emploie plus de monde que tout autre secteur : c’est le pilier économique qui alimente le pays. Pourtant les petits fermiers qui travaillent pour cette industrie essentielle sont négligés. Le soutien accordé au secteur ne dépasse pas les 3% du budget gouvernemental, alors même que le secteur génère près de 25% du PIB.

Nous pouvons construire une économie qui fonctionne pour tout le monde. Une économie célébrant les peuples, la biodiversité, l’héritage et les paysages naturels de la région. Une économie offrant des emplois de qualité sur le long terme, une sécurité financière durable aux jeunes, hommes et femmes. Une économie qui ne requiert pas la destruction de l’environnement, de mettre la vie sauvage en danger ou de déplacer des familles loin des terres dont elles dépendent.

A-t-on une chance de gagner contre EACOP ?

Oui.

Blocage de l’Assemblée Générale de Total, happening artistique, marches et pétitions… Plus d'un million de personnes ont déjà fait entendre leur voix contre EACOP. Nous sommes nombreux et nous sommes organisés.

Nous avons des leviers d’actions pour faire plier Total. Pour construire EACOP, le géant du pétrole a besoin du soutien de ses actionnaires, de banques, d'assureurs du monde entier. Autant d’entreprises qui craignent pour leur réputation. Si nous faisons tomber tous ses alliés, alors nous pouvons arrêter EACOP.

Nous avons déjà retardé les travaux d’EACOP de plusieurs mois. Initialement, les financeurs du projet souhaitaient réunir l’ensemble des fonds nécessaires avant la fin du mois de juillet 2022. La deadline a été décalée à novembre et désormais, ils parlent plutôt de la fin du premier trimestre 2023. Pourquoi ? 

À ce jour, des dizaines de banques et d’assurances se sont engagées à ne pas soutenir EACOP. Notre mobilisation fonctionne !

En parallèle, de nombreuses actions en justice sont en cours contre EACOP (Ouganda, France, East African Court of Justice).

Dans le monde, des citoyens nous prouvent que nous pouvons réussir à arrêter des projets d’oléoduc. En juillet 2020, 3 projets de pipeline ont été abandonné aux États-Unis : Atlantic Coast Pipeline, Keystone XL et Dakota Access Pipeline. En 2022, en Birmanie, TotalEnergies s’est résigné à abandonner l’exploitation du champ de Yadana. Ces victoires ont été rendues possibles grâce à la forte mobilisation des communautés locales, des activistes et des organisations engagées.

Si en 2022 nous n'arrêtons pas maintenant le plus grand projet fossile en cours, qui le fera ? Est-ce vraiment le futur que nous voulons avoir ?

Il ne s'agit pas d'un pipeline de plus, mais d'un moment décisif, qui façonnera non seulement le prochain chapitre de notre vie, mais aussi celui des générations à venir.

Notre avenir est en jeu. Mais l’Histoire nous l’a déjà démontré : en étant unis, nous pouvons être un adversaire puissant pour n'importe quel géant. Ensemble, nous pouvons arrêter le projet EACOP.

Rejoins le mouvement #StopEACOP maintenant, deviens bénévole et reçois des actions pour stopper EACOP.